Monday, March 22, 2010

Google tente d'échapper à la censure chinoise




Depuis lundi soir, les internautes chinois sont redirigés vers une version non censurée du moteur de recherche hébergée à Hong-Kong.


Ce n'était donc pas un coup de bluff. Lundi soir, deux mois après avoir publiquement fait état de son différend avec la Chine, Google a mis ses actes en accord avec sa parole, en fermant la version chinoise de son moteur de recherche. Désormais, une requête sur Google.cn redirige versGoogle.com.hk, c'est-à-dire sur la déclinaison de Google hébergée à Hong-Kong, dont les résultats sont affichés en chinois simplifié et échappent à la censure.

Victime, avec d'autres grandes entreprises américaines d'un piratage à grande ampleur fin 2009, émanant selon lui de la Chine et visant des militants des droits de l'Homme, Google avait annoncé le 12 janvier qu'il cesserait ses activités dans le pays si l'obligation de censurer ses résultats n'était pas levée. Depuis, le dialogue avec les autorités de Pékin n'a pas avancé. «Nous avons une politique de longue date d'ouverture aux investissements étrangers. Mais la condition préalable est qu'ils respectent les lois chinoises», a rappelé la semaine dernière le porte-parole du ministère du Commerce, Yao Jian.

Avant lui, le ministre de l'Industrie et des technologies de l'Information, Li Yizhong, avait jugé que la levée de la censure serait un acte «inamical et irresponsable» et prévenu que Google serait «vraiment responsable des conséquences». Dans un billet de blog, le directeur juridique de Google, David Drummond, reconnaît que «le gouvernement chinois a été très clair tout au long de nos discussions que l'autocensure est une exigence légale non-négociable». Il considère que la solution choisie est «légale» et «espère très fort» que cette décision sera «respectée».

Techniquement, la Chine peut toutefois décider de bloquer l'accès à la version hongkongaise de Google, comme elle filtre déjà l'accès à YouTube et à Blogger, la plate-forme de blog. Engagé dans une bataille d'image face à Pékin, Google a d'ores-et-déjà prévu une page où il indique lequel de ses services est bloqué par la «Grande muraille numérique» de la Chine. Dans l'immédiat, Google prévient qu'un engorgement de ses serveurs à Hong Kong pourrait entraîner un ralentissement du service, voire rendre provisoirement inaccessibles certains services.


Google accusé d'espionnage


Mais Google a d'autres craintes. Le groupe américain, dont le chiffre d'affaires annuel dans le pays est évalué à 600 millions de dollars par Morgan Stanley, dit en effet vouloir poursuivre ses activités de recherche-développement et garder une équipe de vente sur place. Avec 400 millions d'internautes, la Chine est en effet le premier marché mondial, et offre d'importantes perspectives pour qui s'accommode de ses lois. Lundi dernier, le directeur financier de Google s'était déclaré confiant en l'avenir du système d'exploitation pour mobile Android. «De tout évidence, la Chine est un autre grand marché où Android devrait être florissant, je m'en réjouis», avait-il dit.

Dans son message, David Drummond plaide donc pour que les autorités chinoises ne se retournent pas contre ses 700 employés dans le pays. «Toutes les décisions ont été inspirées et mises en œuvre par nos dirigeants aux Etats-Unis», écrit-il.

Outre ses liens avec les autorités chinoises, Google devra aussi gérer une question d'image. Selon Joseph Cheng, professeur de sciences politiques à l'université de Hong Kong, le Parti communiste peut manier le ressort nationaliste pour étouffer la question de la censure. «La critique des exportations culturelles, ou impérialisme culturel, est une sorte de défense pour justifier les contrôles de censure des autorités chinoises», a-t-il expliqué à Reuters. Ainsi, la presse officielle chinoise s'est déjà déchaînée contre Google, l'accusant d'être liée aux services de renseignements américains.


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