« Di Rupo nous a proposé le 16 pour qu’on laisse tomber la N-VA »

DAVID COPPI ET MARTINE DUBUISSON

mardi 22 février 2011, 09:37

INTERVIEW Une rumeur court au sein du CD&V : Elio Di Rupo leur aurait proposé le poste de Premier ministre s’ils lâchaient la N-VA. Elio Di Rupo et Wouter Beke démentent.

© S Piraux – Le Soir

Depuis l’échec du conciliateur Johan Vande Lanotte, la pression est maximale sur le CD&V, accusé par plusieurs partis d’être l’un des principaux responsables de l’impasse institutionnelle. Et de rester dans l’ombre de la N-VA par manque de courage politique.

PS et CD&V démentent

« Elio Di Rupo dément avec force. C’est faux !… On n’a jamais évoqué un gouvernement sans la N-VA », dit-on au boulevard de l’Empereur.
Au CD&V aussi, Wouter Beke dément, qualifiant l’information de fausse.
Alors, pourquoi cette rumeur, circulant manifestement au CD&V ? Une chose est sûre : les petits jeux tacticiens en disent long sur l’état de confiance entre partenaires potentiels d’une future coalition.

Des rumeurs de division interne courent d’ailleurs, entre partisans du cartel virtuel avec les nationalistes et défenseurs d’un profil propre au CD&V. C’est dans ce contexte que le sénateur Rik Torfs a répété, ces jours-ci : « Ce n’est pas parce que Bart De Wever est actuellement le roi de Flandre que l’attitude refusant tout compromis est la meilleure. » Le député flamand Eric Van Rompuy embraie. Mais se montre très dur vis-à-vis du PS.
Etes-vous d’accord avec Rik Torfs ?
Il n’a rien dit de sensationnel : le CD&V a toujours voulu des compromis. Ce n’est pas nous qui n’avons pas atteint de compromis : ce sont les deux grands joueurs, PS et N-VA, qui n’ont pas été capables de nous en proposer. Bart De Wever est très dur, mais les francophones sont très têtus aussi. C’est un peu facile de réduire tous les problèmes au CD&V. Ce n’est pas le CD&V qui empêche le compromis. Mais on essaie de nous culpabiliser, on nous insulte même – Madame Onkelinx a de la haine dans la voix quand elle parle du CD&V.
Le compromis n’est pas honteux, dit Rik Torfs. Il ne faut donc pas suivre la N-VA ?
Non, mais il faut faire de bons compromis, pas le compromis pour le compromis. Or, Didier Reynders a dit lui-même que les francophones avaient autant de critiques vis-à-vis de la note Vande Lanotte que les Flamands. Elio Di Rupo avait toute une série de remarques sur le chapitre BHV. Mais penser qu’on va isoler le CD&V de la N-VA et faire un grand accord, je n’y crois pas…
C’est la tactique francophone selon vous : essayer de vous décoller de la N-VA ?
Voici quelques semaines, Elio Di Rupo est allé voir Wouter Beke en lui disant : « Le 16, rue de la Loi, est à vous si vous laissez tomber la N-VA »…
Vous savez, la N-VA ne tient pas compte de nous, quand Bart De Wever fait ses déclarations au Spiegel, quand il répète son analyse sur les deux pays, inconciliables… Il démontre chaque jour que le compromis n’est pas possible. Nous ne sommes pas Bart De Wever ; sa finalité n’est pas la nôtre, son style n’est pas le nôtre. On doit vivre avec ça. Mais nous voulons aussi une grande réforme. Il faut trouver un compromis.
D’abord entre PS et N-VA ?
Les deux sont incontournables. Nous pourrions dire aussi : « Il faut un gouvernement sans le PS ». Mais nous ne l’avons jamais dit et je n’entends aucun francophone le dire. Le PS nous attaque tout le temps. Laurette Onkelinx dit que le CD&V est un parti irresponsable. Qu’ils fassent un accord sans le CD&V s’ils ne veulent plus parler avec nous ! Au CD&V, on en a de plus en plus marre du PS. J’entends de plus en plus de voix dire : « On en a marre d’être traité comme un parti torchon ! »
Interview complète dans Le Soir ce mardi.


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